Luke Skywalker

Je suis à Moscou, en Russie, cinq semaines avant le lancement.

Luca dans le simulateur soyouz

Credits : Luca Parmitano

Ce sont les dernières semaines que je passerai avec les pieds fermement accrochés au sol (ma tête reste dans les nuages, comme toujours). Je me sens comme si j’avais été jeté dans un mixer : il y a tant de choses de dernière minute à faire qui nécessitent toute mon attention et qui ne peuvent pas attendre. Bien que je sois si occupé avec mon entraînement, je dois trouver un moyen de porter mon attention vers d’autres questions. Je me concentre principalement sur les examens finaux concernant le vaisseau Soyouz et le segment russe de la Station Spatiale Internationale qui commenceront cette semaine.

En ce qui me concerne, les deux examens individuels sur Soyouz (qui auront lieu jeudi et vendredi) sont les plus difficiles. J’avais évoqué la préparation de ces examens sur le blog des Shenanigans09 (la promotion d’astronautes à laquelle j’appartiens) en février 2012.

Je commencerai par un examen au cours duquel je dois réaliser un amarrage manuel avec la Station Spatiale. Il s’agit d’un examen individuel et je m’assiérai dans le siège du commandant, dans lequel se trouvera le cosmonaute Fyodor Yurchikhin pendant mon lancement. Je dois montrer que je peux remplir le rôle de Fyodor en toute sécurité si, pour quelque raison que ce soit, le commandant ne pouvait pas faire lui-même l’amarrage. Les paramètres de sécurité sont très restrictifs, par exemple la vitesse au moment du contact doit être entre 6 et 15 cm/s ce dont l’opérateur doit estimer à vue de nez. Le dépassement des paramètres de sécurité, même légèrement, annulera ma qualification.

La centrifugeuse

Centrifugeuse (Credit : Luca Parmitano)

Vendredi je passerai un autre examen individuel qui est plutôt exigeant : la rentrée manuelle de notre capsule Soyouz. Une fois de plus, je serai assis à la place du commandant et j’aurai besoin de prouver que je peux atterrir en toute sécurité quelque soient les conditions avec des paramètres très stricts, le tout sous contrôle manuel. C’est un examen spécial puisqu’il est effectué dans une centrifugeuse. Au cours de trois séries tout en étant plaqué par les forces G je dois faire atterrir la capsule sur Terre tout en minimisant la force G (l’accélération) et me focalisant sur le site d’atterrissage. C’est un peu comme essayer d’atteindre une cible de 10km sur Terre en lançant une balle de bowling depuis l’orbite !

Credit : Luca Parmitano

Ces examens sont difficiles car ils nécessitent beaucoup de concentration et de pratique et je suis seul. L’accès aux simulateurs est restreint puisque tous les équipages qui s’entraînent les utilisent. Nous effectuons un nombre minimum de tours pour notre préparation et réussissons l’examen du mieux que nous le pouvons. J’ai passé cet examen il y a six mois comme équipage de secours pour l’Expédition 34. Maintenant, je vais revivre la même expérience en tant qu’équipage principal. Ayant eu de la pratique il y a six mois, j’essayerai de bien faire et d’améliorer mon score précédent. Néanmoins c’est passionnant et amusant de piloter un vaisseau spatial – pour un pilote comme moi c’est proche de se sentir comme Luke Skywalker….

 

Cet article a été écrit initialement par Luca Parmitano, le premier astronaute de la promotion 2009 de l'ESA à monter à bord de la Station Spatiale Internationale en Mai 2013. L'article initial a été posté le 18 Avril 2013 sur le blog de Luca. A lire ici en anglais : Luke Skywalker

 

 

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