L-389 : Beaucoup de simulations de situations d’urgence aujourd’hui !
L-389 : Jeudi 7 novembre 2013
Aujourd’hui, Terry, Anton et moi avons fait une simulation de 5 heures au cours de laquelle nous avons pratiqué les réponses en cas d’urgence : cas d’incendie, scénarios de dépressurisation et une instance de la tant redoutée fuite d’ammoniaque.
A cette occasion, j’ai pensé que je pourrais partager de nouveau cet article plus ancien qui date de bien avant le début du journal de bord. Et si vous voulez vraiment en savoir plus à propos des incendies à bord de l’ISS, vous pouvez également jeter un oeil sur cet article de blog : Au feu !
Dans quelques minutes tous les trois nous serons de retour dans les maquettes pour un autre type d’entraînement sur les cas d’urgence. Nous l’appelons Megacode et c’est une chance de pratiquer notre réponse en cas de conditions médicales mortelles comme un arrêt cardiaque.
Le lieu de travail le plus sûr de la Terre est hors de la planète… la plupart du temps
(écrit par Samantha sur son compte G+ le 29 janvier 2013)
Sérieusement, du point de vue de la sécurité au travail, la Station Spatiale Internationale est assez difficile à battre. Non seulement vous ne pouvez pas tomber d’une échelle dans l’espace, mais c’est également peu probable que vous subissiez un choc électrique. Vous trouverez très difficilement des objets aiguisés avec lesquels vous couper ou des surfaces suffisamment chaudes pour vous brûler et tout le matériel toxique est isolé de l’atmosphère de la Station par des couches multiples de confinement. Les rares objets inflammables présent à bord sont consciencieusement stockés dans des pochettes en Nomex non-inflammables. Si votre activité vous expose à un quelconque danger, des gros blocs d’avertissement dans vos procédures vous rappellerons les mesures appropriées à prendre pour vous assurer de ne pas vous blesser. Les équipes de sécurité au sol revoient ces procédures ainsi que tous les équipements et ils se surpassent pour s’assurer que l’ISS est un lieu de travail aussi sûr qu’il puisse l’être.
Et c’est très pertinent de faire cet effort ! Nous ne pouvons fournir que des soins médicaux limités à l’équipage en orbite et ça serait un gros problème de faire revenir un membre d’équipage blessé sur Terre – en fait, très probablement l’ensemble de l’équipage du Soyouz, trois personnes sur six, devrait revenir.
Cependant, aussi sûre que la Station puisse être, les choses peuvent quand même aller mal et la majeure partie de notre entraînement comme membre d’équipage a pour objectif de nous enseigner comment gérer les problèmes. Nous avons besoin de savoir quoi faire lorsque un équipement casse et certains de nous sont également formés pour fournir une assistance médicale basique à un coéquipier en cas d’accident. Surtout, nous devons être en mesure de réagir rapidement et de travailler efficacement comme une équipe si un jour, l’une des trois ampoules tant redoutées devait s’allumer sur le panneau des alarmes et avertissements installés tout le long de la Station, accompagnée par une sirène intermittente bien connue : la sonnerie d’urgence.
Chaque ampoule est associée à l’une des trois situations très graves, qui peuvent mettre en danger la vie de l’équipage et la survie de la Station elle-même : un incendie, une dépressurisation rapide et une atmosphère toxique. Nous recevons une formation approfondie là-dessus et aucun équipage ne va en orbite sans avoir démontré sa connaissance des réponses d’urgence au cours de simulations multiples.
J’ai participé à plusieurs de ces simulations l’année dernière et j’aimerais partager quelques photos d’un scénario de feu avec vous. Plus de détails sont dans les légendes. Les photos sont utilisées avec la permission du photographe milanais Milo Sciaky.
Faites-moi savoir si vous avez des questions !
- Une simulation d’urgence commence par un briefing court. Comme la plupart des scénarios requiert que les membres d’équipage endossent plusieurs rôles possibles, ces rôles sont assignés pendant ce briefing. Un véritable équipage se préparant à voler va établir des rôles fixes pendant l’entraînement et s’en tenir dans le cas d’une urgence réelle à bord. Puisque j’ai fait cet entraînement avant d’être assignée à un équipage, les instructeurs nous ont fait prendre les différents rôles. S’entraînant avec moi pour ces simulations il y avait : l’astronaute japonais Norishige Kanai (Nemo) et l’astronaute US Mark Vande Hei.
- La première réaction à l’annonce d’une urgence est la plupart du temps de se rassembler dans un endroit sûr, un endroit avec une atmosphère propre et un accès aux équipements de communications et aux ordinateurs de commandemant. Dans la plupart des cas, l’endroit sûr par défaut est le Module de Service dans le segment russe de la Station. Les vaisseaux Soyouz, qui sont les canots de secours de l’équipage, sont amarrés au segment russe. Du Module de Service, l’équipage évaluera la situation et prendre les mesure appropriée en travaillant sur les procédures d’urgence. En route vers le Module de Service, c’est une bonne idée d’attraper quelques protections pour respirer. De même, Nemo s’est souvenu d’attraper les CSA-CPs qui sont attachés au mur du Node 2 – Ces appareils portables sont utilisés en situation d’urgence pour mesurer les produits de combustion dans l’atmosphère et déterminer s’il est sûr de respirer sans masque
- C’était un scénario d’incendie et dans ce cas j’étais debout derrière dans le Module de Service pendant que Nemo et Mark construisait l’ « équipe d’intervention sur le front » qui était à la recherche du feu. Ici la coordination est la clé. Parfois, le moyen le plus sûr de localiser un feu derrière un rack est via les informations sur l’ordinateur – par exemple sur les interrupteurs électriques disjonctés – et cette information doit être trouvée et transmise à l’équipe du front. De même, lorsqu’il s’agit de mettre hors tension les équipeemnts voire même un module entier, c’est la personne qui reste à l’arrière dans le Module de Serivce qui en a la charge.
- Dans ce scénario je faisais partie de l’équipe d’intervention du front. Le CSA-CP dit que l’atmosphère dans le Node-2 est encore bon à respirer, donc, aucune protection n’est nécessaire pour respirer.
- Ici, Mark et moi sommes à la recherche d’un incendie caché derrière les racks dans le Laboratoire US. Nous sommes en train de porter des respirateurs incendie, qui filtrent les produits de combustion toxiques pendant environ 90 minutes. Le CSA-CP dans ma main a une grande sonde qui peut être insérée à travers des ports incendie pour prélever un échantillon de l’atmosphère derrière un panneau de rack.
- Une fois que l’incendie est localisé derrière un rack, des procédures feront appel à une extinction des équipements ou même à la mise hors tension de tout le module. Si les relevés indiques que l’incendie est encore en train de brûler, il peut être nécessaire de vider un extincteur. Sur la partie non-russe de la Station nous avons des extincteurs à base de CO2. Avant de les vider, nous avons besoin d’échanger nos respirateurs (qui ne filtrent pas le CO2) avec des masques à oxygène à pression positive.
- Je participe à un scénario d’urgence incendie
- Je participe à un scénario d’urgence incendie
Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien qui la mènera au jour de son lancement, pour le moment prévu le 30 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées sont sa propriété et proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.
Bravo et merci pour la traduction en français! Nous sommes nombreux ici Bruxelles à suivre l entraînement de samantha au jour le jour . Amitié à l Lionel ! Pierre et Carine
Merci beaucoup Pierre pour ce gentil commentaire. J’adore faire ces traductions et savoir qu’elles intéressent d’autres personnes me fait très plaisir. Bonne lecture pour la suite 🙂