L+27, L+28 : Je suis l’oiseau de nuit de la Station, J’aime écouter les sons de l’ISS…

L+27, L+28 : Dimanche 21 Décembre 2014

Je suis l’oiseau de nuit de la Station ce soir, tous le monde est déjà endormi dans notre petit cercle de quatre zones de couchage dans le Node 2.

J’aime écouter les sons de la Station la nuit. Parfois les gens me disent qu’ils aimeraient entendre le silence absolu qu’ils supposent que j’entends dans l’espace, mais le célèbre « Dans l’espace personne ne vous entend crier » ne s’applique qu’au vide de l’espace : heureusement à l’intérieur de la Station Spatiale nous avons une atmosphère respirable dont la pression est environ la même que ce que l’on a sur Terre au niveau de la mer. Plein de molécules bien serrées ensemble qui transmettent heureusement le son dans toute la cabine.

Il y a toujours un bruit de fond important, en raison des nombreux ventilateurs et pompes qui fonctionnent en permanence : un bourdonnement constant qui signale que la Station est « vivante » et en bonne santé. En fait, si nous avions une urgence, comme un incendie ou une dépressurisation, même si l’alarme sonore ne sonnait pas, nous le remarquerions immédiatement car la Station deviendrait silencieuse : les ordinateurs mettent en oeuvre une réponse automatique d’urgence qui arrête la ventilation.

A l’occasion, certains sons m’ont prise par surprise. Comme la première fois où j’ai remarqué un bruit différent dans notre cabine de toilette, accompagné par une vibration distincte que je pouvais sentir à travers les cale-pieds sur le « plancher ». Il s’avère que c’est un phénomène normal quand les contrôleurs au sol font fonctionner l’appareil de traitement des urines dans un certain mode.

Ou un autre jour, alors que je sortais de Columbus, j’ai entendu l’un de nos racks scientifique faire un fort bruit de sifflement pendant plusieurs secondes, puis est redevenu silencieux. J’ai contrôlé avec le Centre de Contrôle de Columbus (Col-CC) à Munich et il s’est avéré qu’ils étaient en train d’envoyer des commandes à notre Electro Magnetic Levitator à partir du sol. Donc, tout était prévu !

C’est assez commun que le sol envoie des commandes à distance. La plupart de ce que nous faisons ici, en tant que membre d’équipage, sont des tâches qui nécessitent que nous posions les mains sur le matériel : toutes les commandes des systèmes de la Station et des expériences scientifiques qui peuvent être exécutées à distance depuis le sol sont généralement mises en oeuvre par les contrôleurs au sol depuis les consoles des différents centres de contrôle. Et c’est probablement mieux d’avoir les spécialistes de chaque système qui envoient les commandes à la Station.

C’est aussi un moyen d’économiser le temps précieux de l’équipage : par exemple, beaucoup de procédures de maintenance ont des étapes de sécurité au début pour s’assurer que l’équipement n’est pas alimenté et qu’il est dans une configuration sûre. Le centre de contrôle a toujours de l’avance sur nous et ils auront fait ces étapes avant même que nous le demandions.

Donc comme vous pouvez vous l’imaginer, faire fonctionner la Station Spatiale requiert beaucoup de communication et de coordination entre l’équipage et les équipes au sol. Et nous pouvons toujours compter sur des douzaines de spécialistes scrutant un flux constant de télémétrie pour s’assurer que tous les systèmes sont en bonne santé ici. Ou même nous aider sur des petites choses comme désactiver les détecteurs de fumée : nous devons le faire dans la plupart des modules avant d’aspirer les filtres le weekend, pour éviter de déclencher une fausse alarme de fumée avec la poussière, et nous avons toujours un coup de main du centre de contrôle pour le faire.

 

L+28 Nouveau pantalon pour Samantha

 

Hé, je suis dans l’espace depuis presque un mois maintenant, ce qui signifie qu’aujourd’hui c’était le jour du nouveau pantalon pour moi ! Yep, nous en avons six pour la mission, donc aujourd’hui c’était le moment de voir ce que j’avais dans mon espace garde-robe. En fait je pensais que j’aurais six pantalons identiques, mais… surprise ! Ce sera le mois du pantalon vert. J’adore ces pantalons, au fait, ils sont très confortables et pratiques avec plein de poches et de bandes Velcro pour fixer les choses. Les poches sont également toutes rigoureusement fermées avec du Velcro, pour éviter que les choses ne sortent en flottant. C’est parce que, en règle générale et sans aucune exception, les choses veulent toujours s’envoler dans l’espace.

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti, astronaute italienne de l'ESA, qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien relatant son entraînement pour sa mission spatiale à bord de l'ISS. Samantha s'est envolée de Baïkonour à bord d'une fusée Soyouz le 23 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

 

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