CAVES 3ème jour d’entraînement

Article écrit par Andreas Mogensen

Note de l’éditeur de l’ESA : Andreas nous a envoyé cette mise-à-jour par email

« Prêt Soichi ? Prêt Drew ? » je crie dans la semi-obscurité. Les lumières de leur casque scintillent dans la grotte, indiquant à peine leurs positions vingt ou trente mètres devant moi.

« Prêt », répondent-ils tous les deux.

« D’accord, éteignez s’il vous plaît ». La grotte est plongée dans une profonde obscurité qui semble me faire suffoquer. Même notre instructeur Francesco, debout à côté de moi, n’est pas visible. J’active l’obturateur de l’appareil photo et je m’éloigne. Deux secondes plus tard, un léger clic indique que l’appareil photo installé sur un tripode a ouvert l’obturateur et je crie, « Flash, s’il vous plaît ».

Pendant les vingt prochaines secondes des éclaires illuminent la grotte pendant que Soichi, Drew et moi-même tentons d’éclairer autant que possible la grotte en visant les murs avec nos flashs portatifs. L’appareil photo, stabilisé sur le tripode, maintient l’obturateur ouvert tout le temps, tentant de capturer autant de lumière fugace que possible.

« Allumer », je crie, reculant vers l’appareil photo pour regarder le résultat. Il n’y a aucun moyen de savoir si la photo est correctement cadrée ou si la mise au point est correcte, avant d’avoir pris la photo. Il est clair d’emblée que le mur de gauche de la grotte est beaucoup trop sous-exposé.

Crédits : ESA

Crédits : ESA

« Très bien, essayons de nouveau », je crie à Soichi et Drew, qui étaient restés tous les deux à leur emplacement initial. « Mais cette fois, essayez d’envoyer plus de flashs directement vers le mur de gauche ».

Au cours des dix minutes suivantes, nous répétons l’opération plusieurs fois, jusqu’à ce que nous soyons convaincus que la grotte est correctement éclairée sur l’image de l’appareil photo.

Prendre des images de la grotte est seulement une des compétences que nous avons apprises et pratiquées pendant ces deux derniers jours. En plus d’explorer et d’arpenter la grotte Sa Grutta et de collecter des échantillons géologiques et biologiques, photographier la grotte sera l’une de nos plus importantes tâches la semaine prochaine. En fait, la photographie est essentielle à la spéléologie. Non seulement les photographes documentent les points d’arpentage et les coupes transversales de la grotte, mais ils fournissent également aux géologues et aux biologistes des informations sur le contexte dans lequel leurs échantillons ont été collectés.

En plus de cela, prendre des photos dans une obscurité totale est très amusant. Comme l’appareil photo ne va pas capturer d’image dans l’obscurité même avec l’obturateur complètement ouvert, vous êtes libre de vous déplacer devant l’appareil photo tant que les lumières sont éteintes. Les résultats sont des photos où vous apparaissez mystérieusement plusieurs fois ou des photos avec des mots suspendus dans les airs et écrits par les lumières de votre casque.

Crédits : ESA

Crédits : ESA

Avec chaque nouvelle compétence de spéléologie que nous acquérons, vendredi se rapproche de plus en plus. Ce jour-là, nous descendrons dans la grotte Sa Grutta, restant à l’intérieur pendant sept jours pendant que nous explorerons et cartographierons la grotte autant que possible.

Nos préparatifs les plus banals augmentent également en approchant vendredi. Nous avons passé une partie d’aujourd’hui à goûter à différents aliments et différents repas que nous pouvons emmener dans la grotte. La quantité de nourriture que nous pouvons apporter est limité, comme tout devra être transporté sur nos dos. Heureusement, à la moitié de l’expédition, nous recevrons un ravitaillement de notre équipe-sol. Mais nous devons planifier soigneusement chaque repas, basés non seulement sur nos goûts personnels, mais également sur quelle quantité de cuisine est nécessaire, et décider de les prendre avec nous ou de les laisser pour le ravitaillement.

C’est presque exactement la même procédure que les astronautes utilisent avant leur vol spatial. Des dégustations alimentaires ont lieues à la NASA et à Star City, permettant aux astronautes de sélectionner à partir d’une liste, les repas qu’ils aimeraient avoir dans l’espace.

En tant que traitement spécial lorsqu’un astronaute européen est à bord de l’ISS, l’ESA fournit de la nourriture bonus en plus des repas standards américains et russes. En prévision de sa mission en mai 2013, Luca a récemment choisi sa nourriture bonus made-in-Italy de lasagnes, caponata, risotto au pesto et tiramisu. Nous avons la chance d’avoir reçu quelques échantillons de cette nourriture bonus, que nous apporterons aussi dans la grotte avec nous.

 

 

Cet article a été écrit par Andreas Mogensen, l’un des six astronautes recrutés par l’Agence Spatiale Européenne en 2009. Leur groupe a été baptisé les Shenanigans. Vous pourrez lire la version originale de cet article en anglais sur le site de l’ESA ici : CAVES Training Day 3

 

 

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