TMA-09M – Mon Soyouz

Mon Soyouz

Crédits : ESA/L. Parmitano

Aujourd’hui est un jour spécial. J’ai attendu ce moment pendant 6 mois et chaque fois que j’y pensais, je savourais le moment dans mon esprit. Aujourd’hui c’est le premier jour où je vais entrer dans mon Soyouz.

C’est vraiment le mien, il a été construit exclusivement pour mon vol et a un siège ajusté à mon corps – Je connais chaque détail par cœur, et je peux trouver chacun des boutons, des leviers et des valves à l’intérieur les yeux fermés. Même si c’est la première fois que je vais entrer dans cet engin spatial, j’ai passé des centaines d’heures à m’entraîner dans un simulateur qui est identique au véritable vaisseau.

Le mot vaisseau me met l’eau à la bouche mais les gens qui pensent à un chasseur X-Wing ou à un vaisseau Star Trek vont être déçus. Le Soyouz est une capsule solide et sûre qui a volé des centaines de fois et ne fait pas futuriste. Sa beauté est brute, type mécanique. Elle ressemble plus à ce que je m’imagine être un mini sous-marin. A mes yeux cependant elle a les courbes agressives d’une voiture de Formule 1 et le charme envoûtant d’une moto superbike.

Hatch du Soyouz TMA-09M

Crédits : ESA/L.Parmitano

En tant que copilote, je suis privilégié, nous sommes les premiers à entrer dans la capsule et, si je puis dire, prenons en charge le vaisseau spatial. J’admets que je ressens des émotions fortes lorsque je me laisse tomber du module d’habitation БО (prononcez Bé-Oh), à travers le sas et dans le module de commande CA (Prononcez Ess-Ah). Dans seulement quelques jours qui approchent rapidement, le 09M m’emportera sur l’orbite terrestre, puis à bord de la Station Spatiale Internationale !

Tous à bord du Soyouz pour des tests

Je me mets en position, et cela me semble immédiatement familier. Tout est éteint mais je sais que derrière ces panneaux endormis du tableau de commandes Нептун (Neptun), se trouve le coeur et le cerveau du KC-020, l’ordinateur analogique de rentrée. Ils seront bientôt illuminés et la capsule prendra vie. Une fois de plus je suis surpris de la façon dont tout me semble familier.

Avec mes coéquipiers Karen et Fyodor nous vérifions tous les détails. Nous portons nos combinaisons de vol normales qui permettent plus de liberté de mouvements que les combinaisons Sokol que nous utiliserons pendant le lancement. Tout est en ordre parfait, et après seulement 45 minutes nous sommes prêts à remonter pour sortir.

Module de rentrée

Crédits : ESA/L.Parmitano

Pendant que l’équipage de réserve fait leur vérification du vaisseau, nous commençons à enfiler nos combinaisons Sokol. Une heure plus tard je suis de nouveau le premier à descendre dans la capsule et à m’installer dans mon siège. Un technicien m’attache et serre mon harnais qui consiste en une ceinture quatre points et deux sangles pour bloquer mes genoux en place. Après 20 minutes nous sommes tous les trois prêts : sur l’ordre de Fyodor, Karen active le tableau de commandes général et Fyodor et moi-même activons nos ordinateurs dans l’ordre. Le Soyouz s’anime et nous commençons les tests radios suivi par quelques vérifications habituelles. Pendant que je suis attaché, je vérifie que je peux atteindre les commandes. C’est plus difficile de communiquer maintenant à cause de l’équipement de survie installé autour et au dessus de nous. Je ne peux pas voir Fyodor et je ne peux pas bouger puisque je suis attaché sur mon siège. Je dois me concentrer pour suivre ses instructions.

Hublot du Soyouz TMA-09M

Crédits : ESA/L.Parmitano

Finalement, les vérifications durent environ une heure et demie et mes jambes commencent à ressentir la fatigue. Le dernier contrôle consiste à soulever le siège qui amortit l’impact lors de l’atterrissage sur Terre. Une fois ce test effectué nous éteignons tout et les techniciens extraient Fyodor et Karen. Pendant quelques minutes je suis seul et dans un silence total. Bien que ce soit inconfortable de s’asseoir ici j’essaye de mémoriser tous les sentiments et toutes les pensées – je n’aurai pas d’autres opportunités : la prochaine fois que je m’assois ici dans ma combinaison Sokol ce sera pour mon décollage.

 

 

 

Cet article a été initialement écrit par Luca Parmitano, le premier astronaute de la promotion 2009 de l’ESA à monter à bord de la Station Spatiale Internationale le 28 Mai. L’article initial a été posté le 23 Mai 2013 sur le blog de Luca. A lire ici en anglais : TMA-09M - My Soyuz

 

 

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