Cargo et science

Première vue de la cargaison de l’ATV-4

Première vue de la cargaison de l’ATV-4 (Crédits : ESA/NASA)

L’arrivée de l’ATV-4 a changé le rythme de vie auquel je m’étais habitué, car décharger la cargaison est maintenant l’une de nos activités les plus prioritaires, particulièrement pour certaines « charges utiles » (Elles sont appelées charges utiles (payload dans le texte, NdlT) car ce sont des cargaisons payées, contrairement au fret logistique). Donc à partir du moment où la trappe a été ouverte, je me suis mis au travail en transférant une pompe pour le système de refroidissement de Columbus que j’installerai aussi vite que possible. Dès lors, en tant que responsable du chargement, j’ai essayé de suivre les mouvements de la cargaison, qui sont tous coordonnés et chorégraphiés sur Terre – même ceux effectués par mes collègues.

Tout doit être retiré de l’ATV dans un ordre précis. C’est catalogué, puis installé dans son emplacement final à l’intérieur de l’ISS. En même moment, nous devons transporter tous les déchets de la station vers le vaisseau – tout cela sans trop modifier le CG (le centre d’application de la force).

Chris Cassidy transfert la cargaison de l'ATV4

Tout le monde aide au transfert de la cargaison (L’astronaute de la NASA C. Cassidy sur cette photo)

Nous ne passons pas toute la journée à transférer la cargaison (même si nous aimerions finir aussi vite que possible) parce que le « vrai » travail à bord doit continuer. En fait, au cours de la semaine passée nous avons continué à suivre les expériences existantes et nous en avons également mis en place de nouvelles. L’une des expériences les plus importantes que nous menons en ce moment est appelée « spinal ultrasound« . Elle étudie les changements dans la structure de la colonne vertébrale causés par l’absence de pesanteur. Cela implique d’avoir un astronaute – dans ce cas, moi – utilisant un échographe pour obtenir les images de la colonne vertébrale d’un autre astronaute (dans ce cas, Karen) guidé par un opérateur au sol à la radio. Les images que nous prenons sont ensuite évaluées et étudiées sur Terre, et comparées avec les images prises avant le vol. Cette étude est importante et innovante pour plusieurs raisons : pour les astronautes, les changements dans la structure de notre corps pourrait avoir des conséquences catastrophiques une fois de retour sur Terre. Si nous comprenons ce que sont ces changements, nous serons mieux en mesure de lutter contre les effets négatifs ou, encore mieux, de les prévenir. Mais les implications terrestres sont encore plus importantes : jusqu’à présent, nous avions besoin de machines à résonance magnétique ou de machines à rayons X encombrantes et coûteuses pour établir n’importe quel diagnostic sur la colonne vertébrale. Ces études signifient qu’il sera désormais possible d’obtenir des résultats comparables en utilisant une machine à ultrasons de la taille d’un ordinateur portable, et pour un coût bien moins élevé. Avec les études sur les opérations commandées à distance, cette technologie permettra aux médecins de faire des diagnostics dans des endroits inaccessibles ou dans des zones très pauvres où les gens n’ont pas d’accès aux outils de diagnostic actuels.

Je travaille également sur une expérience appelée Pro-K. C’est un régime totalement commandé depuis la Terre qui se concentre sur la relation entre les protéines animales (Pro) et le potassium (K). L’étude vise à montrer que ce régime spécial peut aider à réduire la perte de calcium des os, qui est l’un des effets secondaires de l’absence de gravité. Une fois encore, même si les résultats de cette recherche sont importants pour nous astronautes, ils ont également des applications sur Terre : des millions de personnes qui souffrent d’ostéoporose pourrait bénéficier des résultats.

J’ai été directement impliqué dans une autre expérience qui est arrivée a bord de l’ATV-4. Elle est appelée FASES et elle examine la stabilité des émulsions. C’est une expérience entièrement européenne – ce qui est vraiment génial. Elle comprend l’étude de diverses phases de différentes émulsions, certaines plus stables, d’autres moins. Les émulsions sont présentes partout dans la vie de tous les jours, de l’industrie chimique (par exemple pour le pétrole brut et autres combustibles) à la cuisine (la mayonnaise et les vinaigrettes sont toutes les deux des émulsions). Nous avons besoin de comprendre les caractéristiques des émulsions car parfois il est utile d’augmenter leur stabilité (lorsque nous stockons de la nourriture ou du carburant) ou de la diminuer (lors de l’extraction du carburant).

Luca installe l'expérience FASES

Installation de FASES (Crédits : ESA/NASA)

Cette expérience était vraiment compliquée à mettre en place et même si je l’avais pratiquée au sol, la faire en orbite était complètement différent. Une fois encore, les problèmes que j’ai rencontrés étaient l’inverse de ceux que j’avais eu pendant l’entraînement. Le « rack » (le laboratoire) où j’ai mis en place l’expérience est très délicat et complexe, et j’ai dû utiliser beaucoup d’outils différents. En plein milieu de son installation, le système de conteneur que j’utilisais (un sac en plastique refermable comme un ziploc) s’est ouvert et a envoyé valser plein d’outils tout autour dans un nuage de métal – la moitié de Columbus s’est transformé en une sorte de projet Ikea de cauchemar !

La semaine prochaine commencera avec la sortie extra-véhiculaire (EVA) de mes collègues Russes, à laquelle je prendrai part en fermant la trappe et en contrôlant le sas de sortie. Puis il y aura des expériences supplémentaires, et je commencerai également à me préparer pour mon EVA.

 

Cet article a été écrit initialement par Luca Parmitano, le premier astronaute de la promotion 2009 de l’ESA à monter à bord de la Station Spatiale Internationale. Il orbite au dessus de notre tête depuis le 29 Mai 2013. Article en anglais posté le mardi 25 juin sur le blog de sa mission Volare : Cargo and science

 

 

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