L-288 : Le Braslet, ou pourquoi vous serreriez une sangle sur votre cuisse

L-288 : Dimanche 9 février 2014

Ce week-end est presque terminé ici à Star City et il est l’heure de se préparer pour une autre semaine d’entraînement.

Retour sur la semaine dernière, nous avons terminé la formation vendredi avec une longue séance de simulation dans la réplique du segment russe, pour revoir les réactions de l’équipage en cas de dépressurisation. Cet révision sera utile la semaine prochaine, lorsque nous ferons cet entraînement dans la chambre à vide, avec de véritables « fuites » et une vraie baisse de pression à travers les trappes fermées. Je suis très impatiente de vivre ceci !

La semaine dernière j’ai également eu une séance intéressante sur la table basculante dans l’objectif d’effectuer un test d’ajustement pour le Braslet (Браслет). Cet objet m’a été présenté la première fois l’été dernier, avec un certain nombre de vêtements russes et de produits d’hygiène corporelle. C’est à ce moment-là que les mesures de ma cuisse ont été prises pour fabriquer mon Braslet personnel, qui volera avec moi dans le Soyouz.

 

Les Braslet à placer sur les cuisses pour limiter l'aflux de sang en direction du haut du corps

 
L’idée est plutôt simple : vous avez une sangle de forme anatomique que vous pouvez serrer autour du haut de votre cuisse pour limiter le retour vers le haut du corps du flux sanguin veineux venant des jambes. Ceci est utilisé pendant les premiers jours du vol spatial au cours desquels il y a un déplacement inconfortable des fluides vers la tête, pour aider à l’adaptation aux conditions de l’apesanteur.

Les gros chiffres que vous pouvez voir sur la photo sont une échelle qui permet de serrer le Braslet à une valeur spécifique, qui est déterminée avant le vol. C’est là qu’intervient la table basculante : en inclinant une personne tête en bas vous pouvez simuler les effets induits par l’apesanteur, du sang se précipitant à la tête.

Pour avoir une mesure objective de l’effet de l’inclinaison sur mon système circulatoire, des capteurs ont été posés autour de ma tête. D’abord j’ai été inclinée plusieurs fois entre 50° la tête en haut et 50° la tête en bas. Puis, une fois que les spécialistes ont été satisfaits avec les données de base, ils m’ont aidé à mettre le Braslet. Nous sommes passés par plusieurs itérations pour savoir de combien je devais le serrer pour avoir l’effet escompté. Et l’effet était assez important. Je l’ai réalisé lorsque le Braslet a été retiré : J’étais encore inclinée vers l’arrière à 50° et, dès que la sangle a été desserrée, j’ai pu sentir immédiatement le sang se précipiter à la tête.

La table basculante est également utilisée à Baikonour pour le conditionnement avant le lancement, comme vous pouvez le voir sur cette photo avec l’astronaute de l’ESA Paolo Nespoli

 

Paolo Nespoli sur la table inclinable à Baikonour avant son lancement en décembre 2010 (Crédits : ESA)

Paolo Nespoli sur la table basculante à Baikonour avant son lancement en décembre 2010 (Crédits : ESA)

 

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien qui la mènera au jour de son lancement, pour le moment prévu le 24 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées sont sa propriété et proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.