L-140 : … et voici ce que vous feriez (fuite d’ammoniac dans l’ISS)

L-140 : Lundi 7 juillet 2014

Dans le précédent article du journal, nous avons parlé d’un scénario d’urgence dans lequel nous recevions cet appel d’un centre de contrôle simulé : « Fuite d’ammoniac, exécutez les interventions d’urgence ! Fuite d’ammoniac, exécutez les interventions d’urgence ! »

Comme l’ammoniac est hautement toxique, la première action est d’enfiler un masque à oxygène. Dans tout l’ISS, nous avons au moins un masque, souvent deux, dans chaque module, prêt à être utilisé. Les masques du segment américain sont fournis avec une bouteille contenant une réserve de sept minutes d’oxygène. Cela ne semble sans doutes pas beaucoup, mais ces masques sont seulement utilisés pour démarrer l’intervention, comme vous le verrez.

Avec le masque enfilé, ceux d’entre nous qui étaient dans la partie USOS (modules américains plus Columbus et JEM) se déplacent rapidement vers l’arrière dans le segment russe – ce n’est pas seulement parce que nos véhicules Soyouz y sont amarrés, mais aussi a cause d’une différence de conception importante : il n’y a pas de conduites d’ammoniac dans le segment russe.

En s’assurant que les six membres d’équipage sont présents, nous fermons la trappe du Node 1, nous isolant ainsi du segment USOS et de la source de la fuite. A ce moment-là, nous nous débarrassons des couches externes de vêtements, potentiellement contaminés, et les laissons dans le PMA, le petit élément adaptateur entre le segment USOS et le segment russe. Nous fermons la trappe arrière du PMA et nous nous replions dans le module russe FGB.

Déroulement de la procédure de purge (Crédits : ESA/S.Corvaja)

Déroulement de la procédure de purge (Crédits : ESA/S.Corvaja)

Il est temps de récupérer nos masques à gaz et d’y installer les cartouches filtrantes anti-ammoniac rose. Le passage du masque à oxygène aux masques anti-ammoniac doit être fait rapidement et avec prudence, car nous ne savons pas quelle est la concentration d’ammoniac dans l’atmosphère du segment russe. Supposant que l’atmosphère est contaminée, nous conservons les yeux fermés et retenons notre respiration au moment de retirer le masque a oxygène. Une fois que nous avons mis les masques à gaz, nous effectuons une série de respirations de purge pour nous débarrasser de tout reste d’ammoniac à l’intérieur du masque. Seulement alors, nous ouvrons les yeux.

Une fois que tout le monde est en sécurité sous les masques, il est temps de comprendre combien d’ammoniac nous avons dans l’atmosphère du segment russe. Pour cela nous avons un système dédié de mesure par puce. Dans le pire des cas, le segment russe est contaminé à un tel niveau que nous devons évacuer la Station. Si la concentration en ammoniac n’est pas si élevée, nous pouvons filtrer l’air à travers nos cartouches respiratoires via notre respiration. Nous pouvons rester pendant plusieurs heures, jusqu’à ce que les mesures indiquent une atmosphère saine. Dans le meilleur des cas où l’air du segment russe n’a pas été contaminé, nous pouvons retirer les masques et respirer normalement. En sécurité, c’est sûr, mais avec la perte du segment USOS, au moins pour le moment.

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien qui la mènera au jour de son lancement, pour le moment prévu le 24 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées sont sa propriété et proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

 

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