L+11 : Bien vivre dans l’ISS : un air épuré et des toilettes qui fonctionnent

L+11 : Jeudi 4 décembre 2014 

(écrit vendredi par Samantha)

Hier c’était une journée assez épique dans l’ISS, grâce à Butch et Terry : un jour plus tôt qu’initialement prévu, ils ont terminé avec succès une tâche de maintenance de plusieurs jours extrêmement complexe sur l’un de nos deux CDRA – le Carbon Dioxide Removal Assembly (L’appareil d’élimination du dioxyde de carbone, NdlT).

Avec beaucoup de soutien de spécialistes au sol et une grande concentration et une attention aux détails de leur coté, ils ont remis notre CDRA du Node 3 en bon état afin de revenir à une complète redondance.

Le CDRA est un élément vital pour notre survie dans l’ISS : sur notre vaisseau Terre, les plantes se chargent d’épurer le CO2 que nous expirons de notre atmosphère – sur le vaisseau ISS, nous avons besoin du CDRA.

De mon coté, j’ai pu effectuer la première mise en oeuvre de l’expérience de l’ESA Skin-B : avec trois instruments différents, j’ai pris une série de mesures sur un emplacement spécifique de mon avant-bras (le même que nous avons utilisé pour collecter les données avant le vol).

J’ai d’abord utilisé un instrument appelé Tewameter, qui mesure l’évaporation de l’eau venant de la surface de la peau : c’est un indicateur de la perte d’eau à travers la peau, qui indique à son tour de quelle qualité est la fonction barrière de la peau.

Un second instrument, appelé corneometer, mesure le niveau d’humidité. Et finalement, en utilisant un petit appareil photo UV de poche, j’ai pu prendre une photo très détaillées de la surface de ma peau.

Alors que la science est la raison pour laquelle nous sommes là-haut, nous devons bien sûr prendre soin de notre vaisseau, et s’assurer que nous pouvons vivre là-haut comme des êtres humains. Comme vous pouvez vous l’imaginer, des toilettes qui fonctionnent bien font certainement partie de cela. Hier, pour la première fois, j’ai dû accéder aux entrailles de nos toilettes spatiales adorées pour une opération de routine relativement simple : remplir le réservoir de la chasse d’eau.

Bien sûr, nous n’avons pas vraiment une cuvette de toilettes avec chasse d’eau, mais au début de chaque utilisation, lorsque nous mettons en route le ventilateur pour créer l’aspiration nécessaire, une certaine quantité d’un produit chimique de pré-traitement, dilué avec de l’eau venant du réservoir de la chasse d’eau, passe par la tuyauterie – cela prend quelques secondes, une lumière s’éteint et les toilettes sont prêtes pour le « Numéro 1 ».

De temps en temps, on a besoin de remplir ce réservoir d’eau. Normalement, nous avons seulement besoin de reconfigurer les valves pour laisser couler de l’eau dans les réservoirs, mais il a été démontré dans le passé que cela causait une certaine surpression qui actionnait les voyants d’anomalie. C’est pourquoi nous avons maintenant une installation provisoire pour relâcher un peu de pression pendant le remplissage, comme vous pouvez le voir sur la photo.

 

L+11 Samantha fait la maintenance des toilettes de l'ISS

 

Les gens posent souvent la question suivante : comment ça sent dans la Station Spatiale ? J’étais en fait très curieuse moi-même car j’ai entendu des rapports contradictoires. Pour être honnête, je ne reconnais pas d’odeurs particulières – Ça semble assez neutre pour moi, les filtres font un excellent travail. Seul notre Soyouz a une odeur distincte, pas sûr de ce que c’est, mais elle m’est très chère : chaque fois que je flotte dedans, ça me ramène instantanément au jour du lancement !

Maintenant, si vous travaillez à proximité d’un conteneur de déchets solides, comme je l’ai fait hier en travaillant sur les toilettes, vous sentirez quelque chose. De même, vous sentirez quelque chose partout où s’accumulent les déchets, que ce soit dans le PMM pour le stockage temporaire, ou dans l’ATV en préparation de sa rentrée destructive. Mais en général, pas d’odeur désagréable à bord ! Ou peut-être que je m’y suis déjà habituée ?

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti, astronaute italienne de l'ESA, qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien relatant son entraînement pour sa mission spatiale à bord de l'ISS. Samantha s'est envolée de Baïkonour à bord d'une fusée Soyouz le 23 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

 

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