L+20, L+21 : J’ai piloté le vrai bras robotique pour la première fois !

L+20, L+21 : Dimanche 14 Décembre 2014

Mon troisième week-end dans l’ISS arrive à son terme et j’ai un ressenti très ambivalent à propos du temps qui passe : D’un coté les jours filent et j’ai l’impression que c’était hier que nous sommes arrivés. D’un autre coté, le temps où j’avais l’habitude de marcher et de dormir dans un lit semble presque être un lointain souvenir et j’ai l’impression que j’ai toujours flotté, toujours dormi dans un sac de couchage, toujours couru sur le mur et soulevé des poids au plafond. En d’autres termes, je commence à considérer la Station Spatiale comme mon chez moi et comme ma vie normale.

Puis, j’ai pu piloter un énorme bras robotique tapi dans l’obscurité devant notre fenêtre, avec la Terre passant par-dessous et je me demande encore si c’est réel ou si c’est un rêve. C’est vrai, Butch et moi avons passé un certain temps dans la Cupola hier aux commandes du bras robotique en préparation de la capture du Dragon la semaine prochaine. Après des centaines d’heures de simulation, c’était la première fois que je déplaçais le vrai bras de la Station !

 

L+21 Samantha Cristoforetti pilote le canadarm2

 

Je vous ai parlé dans le dernier article du journal de notre simulateur de bord, Robot. Faire des simulations c’est bien, mais c’est important de pouvoir avoir une idée du vrai bras avant le jour de la capture. C’est pourquoi samedi après-midi nous avons pratiqué le dénommé « offset grapples ».

Notre cible était le préhenseur de Dextre, le robot à bras multiples qui vit habituellement à l’extérieur du Lab (le laboratoire américain, NdlT), et la position de départ était à environ 5 mètres au-dessus de la cible. J’ai raté l’alignement pour Butch et il a dû l’ajuster à la volée tout en approchant du préhenseur puis nous avons échangé les rôles et j’ai eu à faire de même.

Bien sûr nous n’avons pas vraiment agrippé Dextre : en fait, le déclenchement de la fermeture des pièges sur l’effecteur n’était même pas activé sur les manettes de commande. Le but était purement d’avoir une idée de la façon dont le vrai bras réagit aux commandes, spécialement en terme d’oscillations. J’ai été surprise par la stabilité du vrai bras : cela semblait être moins compliqué que dans le simulateur pour conserver les oscillations sous contrôle ! Je dois vous dire que les oscillations sont le grand ennemi, c’est pourquoi nous nous entraînons pour déplacer la bras de manière très douce et progressive. Un mouvement saccadé et le bras peut se mettre à osciller plus que vous ne le souhaitez.

Avec le Dragon qui arrive le week-end prochain, nous avons une semaine très occupée qui nous attend. Nous aurons certainement des demi-journées de repos vendredi et samedi et bien sûr, nous aurons une journée complète de travail dimanche avec l’arrivée du Dragon. En fait, après la capture, le Dragon sera amarré au port du Node 2 situé coté Terre, donc nous l’aurons juste à l’extérieur de nos quartiers d’équipage, presque comme si on ajoutait une autre petite pièce à notre zone d’habitation. Et cette pièce va arriver déjà pleine de surprises !

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti, astronaute italienne de l'ESA, qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien relatant son entraînement pour sa mission spatiale à bord de l'ISS. Samantha s'est envolée de Baïkonour à bord d'une fusée Soyouz le 23 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

 

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