L+200 : Nous quittons vraiment l’ISS – 5ème Partie

Ceci est la cinquième entrée d’une série de journaux qui reviennent sur le départ, l’atterrissage et la réadaptation !

 

L+200 : Jeudi 11 Juin 2015

[suite] Comme vous l’avez sans doutes deviné, il y avait un dernier contrôle d’étanchéité à réaliser avant le désamarrage : le contrôle d’étanchéité de la trappe entre le module de descente et le module orbital. Au final, nous nous séparerons du module orbital et la trappe du module de descente sera celle qui nous protégera du vide !

Pour le moment, bien sûr, la pression à travers la trappe était à peu près égale : après tout, nous l’avions juste fermée quelques minutes plus tôt. Pour effectuer un contrôle d’étanchéité, nous devions créer un différentiel de pression et pour ce faire nous allions évacuer dans l’espace un peu de l’air du module orbital via la valve de sûreté. Anton a sélectionné la commande de fermeture sur son écran , de sorte qu’il sera en mesure de refermer la valve  par une simple pression du bouton. Une fois fait, j’ai ouvert la valve. Sur notre écran de support de vie, nous avons regardé la pression chuter dans le module orbital, jusqu’à ce qu’Anton envoie la commande pour fermer la valve. Nous avions crée un différentiel de pression d’environ 150 mm Hg (millimètre de mercure, NdlT) et maintenant nous allions contrôler toute égalisation de la pression à travers la trappe : le maximum acceptable de chute de pression dans le module de descente était de 25mm Hg en 25 minutes. A à la fin de la période de surveillance nous étions bien à l’intérieur de cette exigence : contrôle d’étanchéité réussi !

Enfin, c’était le moment d’attendre. Patiemment. Pendant presque une heure : un temps tampon inséré dans notre chronologie en cas de problèmes. Imaginons, par exemple, un problème au niveau du contrôle d’étanchéité de la combinaison : nous aurions déconnecté et reconnecté les gants, ouvert et refermé le casque, nous nous serions assuré qu’aucun débris n’était pris dans la surface d’étanchéité, et nous aurions réalisé encore une fois le contrôle d’étanchéité. Ou disons que le contrôle d’étanchéité de la trappe du module de descente aurait échoué : nous aurions égalisé la pression, ouvert la trappe, vérifié que les surfaces d’étanchéité étaient intactes et propres et nous l’aurions refermée pour un autre contrôle d’étanchéité. Toutes des choses qui demandent du temps. Mais puisque toutes nos opérations de pré-départ s’étaient bien déroulées, nous étions là, bien attachés dans nos sièges, en attente.

C’est sympa de ne pas être pressé, mais bien sûr la position « assise » dans le Soyouz n’est pas des plus confortables, même pour une petite personne comme moi – je peux imaginer comment cela doit être douloureux pour des membres d’équipage plus grands de s’asseoir pendant si longtemps avec les genoux pliés vers la poitrine !

Nous avons parlé, plaisanté, nous avons jeté quelques coups d’œil par les hublots, nous avons revu les procédures pour la rentrée à venir, nous avons pensé à nos amis dans la Station Spatiale, si proche, mais appartenant déjà à un autre monde.

 

Notre Soyouz, partant de l'ISS

Notre Soyouz, partant de l’ISS

Puis, à 13h17mn30s heure de Moscou, j’ai envoyé la commande pour mettre en route le système d’amarrage du Soyouz. Une minute plus tard, à 13h18mn30s, j’ai envoyé la prochaine commande : l’ouverture des crochets. Les moteurs électriques du système d’amarrage ont commencé à placer en position ouverte les crochets qui nous maintenaient attaché à la Station Spatiale. En quelques minutes, les crochets étaient complètement ouverts et les poussoirs à ressorts ont conféré à notre Soyouz une vitesse de séparation : sur la vue du périscope devant le siège central d’Anton nous pouvions observer le port d’amarrage s’éloigner de plus en plus. Ca y était, nous étions en train de partir. Au revoir la Station Spatiale ! Au revoir Scott, Misha, Gennady ! [à suivre]

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti, astronaute italienne de l'ESA, qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien relatant son entraînement pour sa mission spatiale à bord de l'ISS. Samantha s'est envolée de Baïkonour à bord d'une fusée Soyouz le 23 novembre 2014 et est rentrée sur Terre le 11 Juin 2015.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. 
Auch auf Deutsch, en Español, и Русский
Toutes les photos postées proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.