L-108 : Dépressurisation… quand vous avez une fuite dans l’ISS

L-108 : Vendredi 8 Août 2014

Nous venons juste de rentrer d’une séance d’amarrage manuel et maintenant il est temps de se préparer pour 4 heures de simulation Soyouz cet après-midi avec Terry et Anton : Nous allons pratiquer le désamarrage et la rentrée atmosphérique et je suis sûre que, comme d’habitude, nous aurons beaucoup de dysfonctionnements pour nous tenir occupés !

Hier, nous avons passé l’après-midi dans les répliques du segment russe pour une simulation d’urgences de 4 heures au cours de laquelle nous avons travaillé sur cinq scénarios de dépressurisation avec différents points et taux de fuite. Dans l’un des scénarios, la fuite se situait dans le module de descente du Soyouz : dans un tel cas, nous aurions à exécuter une procédure pour préparer le Soyouz pour un désamarrage et une rentrée sans pilote, avant de fermer la trappe et le laisser se dépressuriser jusqu’au vide. Jusqu’à ce qu’un vaisseau de secours puisse être envoyé, nous serions effectivement « coincés » dans l’ISS.

Dans un autre cas, la fuite était dans le Module de Service, nous obligeant à abandonner le coeur du segment russe, mais aussi forçant l’équipage amarré au module MRM2 (ça serait les trois autres membres d’équipage) à quitter l’ISS : avec le Module de Service dépressurisé, ils seraient coupés de leur Soyouz s’ils restaient.

Vous pouvez en lire davantage concernant la recherche d’une fuite dans cet article du journal concernant notre entraînement à la dépressurisation dans une chambre à vide : L-286 : Voyage dans la chambre à vide aujourd’hui !

 

manovacumètre

 

Sur la photo vous pouvez voir l’instrument principal de pression que nous utilisons pendant un scénario de dépressurisation : c’est portatif et c’est plus précis que tout autre capteur que nous avons dans la station. Nous le nommons en utilisant l’acronyme russe MV (MB = мановакуметер (manovacumètre : indicateur de pression et dépression, NdlT)).

Dans le cas d’une alarme de dépressurisation, actionnée manuellement par l’équipage ou automatiquement par les ordinateurs de bord, la réponse automatique du véhicule est l’extinction de toutes les ventilations et, dans le segment russe, le démarrage d’un algorithme pour essayer de cibler la fuite en utilisant les données des capteurs d’écoulement d’air localisés dans les trappes. Cela prend environ 5 minutes, durant lesquelles nous nous replions dans nos Soyouz respectifs pour éviter d’affecter l’écoulement d’air et, puisque nous y sommes, vérifier que la fuite ne vient pas du Soyouz lui-même. Nous calculons aussi immédiatement notre temps de réserve, qui est le temps que nous avons de disponible jusqu’à ce que la pression devienne trop basse et que nous devions évacuer. Les ordinateurs russes et les contrôleurs au sol vont également calculer le temps de réserve, mais nous faisons nos propres calculs approximatifs en utilisant les graphiques que vous voyez sur la photo, qui sont basés sur le temps qu’il faut pour que la pression baisse de 1 mm.

 

Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien qui la mènera au jour de son lancement, pour le moment prévu le 24 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées sont sa propriété et proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.