L-282 : Sous pression !
L-282 : Samedi 15 février 2014
Vous vous souvenez lorsque je suis allée chez Svesda en octobre dernier pour prendre les mesures pour ma combinaison Sokol et pour faire le moule du revêtement de mon siège ? [Si vous ne vous en souvenez pas, vous pouvez lire les articles suivants de mon journal de bord :
L-426 : Moule du revêtement du siège du Soyouz et
L-415 : Séance de moulage du revêtement de siège ]
Et bien la semaine dernière c’était le moment d’aller vérifier les éléments sur mesure qui voleront dans l’espace avec moi !
C’était plutôt spécial. Bien sûr, être en entraînement pour voler dans l’espace est chaque jour quelque chose d’extraordinaire. Mais il y a des choses qui vous font vous sentir plus proche du vrai vol spatial, qui rendent tout cela plus réel : essayer la combinaison spatiale que je porterai lors de mon voyage aller et retour vers l’ISS était vraiment l’un de ces moments.
Nous avons commencé la journée avec une première évaluation du revêtement du siège, à la fois sans le costume et avec le costume. Sur la photo vous pouvez voir les spécialistes sentir derrière mon cou, pour être sûr que j’ai un contact continu. C’est très important à l’impact de l’atterrissage pour distribuer la charge uniformément tout le long de la colonne vertébrale et du cou.
Puis les spécialistes m’ont fait m’asseoir dans un siège spécial suspendu et ont déterminé le centre exact de ma masse lorsque je suis recroquevillé dans la position que je vais prendre dans le Soyouz. Cette information est transmise au groupe balistique, afin qu’ils puissent calculer le centre de gravité global du véhicule.
Puis nous sommes passés à l’évaluation du Sokol à la surpression de 0,4 atm, c’est à dire dans la configuration dans laquelle nous serions en cas de dépressurisation du Soyouz. Gardez à l’esprit que c’est une situation d’urgence. Contrairement à une combinaison de sortie spatiale, le Sokol n’est pas conçu pour que vous travailliez dans cette configuration-là : il est conçu pour vous donner une dextérité maximum et une liberté de mouvement lorsqu’il n’est pas gonflé et pour sauver votre vie en cas de dépressurisation.
Comme il s’agit d’une protection souple, il gagne un volume important à la surpression de 0,4 atm : il devient encombrant, rigide et bien plus gros que votre taille, de sorte que par exemple vous devez soulever votre colonne vertébrale vers le haut si vous voulez garder vos mains dans les gants. L’expansion conduit également le bas de votre torse à se coller à vos genoux. En fait, l’arrière des genoux est généralement l’endroit le plus critique en terme de douleur possible et de problèmes de circulation. Mais si la combinaison est de la bonne taille, il y a assez d’espace pour décharger activement une partie de ce poids, en alternant les deux jambes.
Nous testons la combinaison dans cet état pendant deux heures : c’est le temps maximum que l’équipage aurait besoin pour revenir sur Terre avec une rentrée d’urgence après avoir déterminé que le Soyouz a une fuite. Je n’ai pas eu de problèmes importants avec la combinaison – la plupart des petites personnes comme moi n’en ont pas. Cependant, j’étais contente lorsque le test s’est terminé et que j’ai pu rouvrir ce régulateur !
Cette note est la suite d’une longue série de notes de Samantha Cristoforetti qui a entrepris l’écriture d’un journal de bord quotidien qui la mènera au jour de son lancement, pour le moment prévu le 24 novembre 2014.
La version anglaise (originale) peut être consultée sur son compte Google+ et la traduction italienne sur le site AstronautiNEWS. Toutes les photos postées sont sa propriété et proviennent de son journal de bord sur son compte Google+.